Bilan environnemental de la méthanisation agricole : des impacts majoritairement bénéfiques, selon l’INRAE

Les impacts environnementaux de la méthanisation agricole sont majoritairement bénéfiques. C’est le constat confirmé en octobre dernier par une étude inédite de l’INRAE (Institut National de la Recherche pour l’Agriculture et l’Environnement), dans laquelle l’institut compare les bilans environnementaux de deux systèmes : l’un avec méthanisation, et l’autre sans (reposant donc sur l’utilisation du gaz naturel du réseau, l’emploi d’engrais industriels traditionnels et une gestion classique des effluents sur l’exploitation agricole). 

La méthanisation, qu’est-ce que c’est ? 

C’est un processus biologique se basant sur la digestion anaérobie (c’est à dire sans oxygène) de matière organique, telle que les biodéchets agricoles et les déchets agro alimentaires, et qui permet de produire du biogaz et du digestat (engrais organique pouvant être utilisé pour fertiliser des cultures ou amender le sol). 

En France, le nombre d’unités de méthanisation augmente significativement d’une année à une autre. Au 1er Janvier 2021, la France accueillait ainsi 1 084 unités de méthanisation, dont 214 valorisant leur production de biogaz par l’injection (de biométhane) et 870 par cogénération d’électricité.

La méthanisation favorise les bonnes pratiques d’agroécologie

L’étude de l’INRAE démontre que l’augmentation du nombre d’unités de méthanisation implique une plus grande valorisation de substrats agricoles, tels que :

  • Les résidus de culture: résidus de maïs, fanes de betteraves, etc. 
  • Les effluents d’élevage:  fumier et lisier. 
  • Les CIVE (Culture Intermédiaire à Vocation Énergétique): seigle, avoine, etc. 

Les CIVE, semées et récoltées entre deux cultures principales, sont le résultat de nouvelles pratiques adoptées par les agriculteurs dans le cadre du développement de leurs unités de méthanisation, et présentent plusieurs bénéfices : 

  • la limitation de l’érosion 
  • l’amélioration de la structure du sol 
  • la limitation du développement d’adventices (“mauvaises herbes”) et donc de l’usage de pesticides sur le reste de la rotation de culture 
  • la limitation de la lixiviation des nitrates (un lessivage des nitrates évalué à 50 kg N/ha pour une  période d’interculture nue, contre 20 kg N/ha grâce à l’implantation des CIVE.) 
  • le stockage de carbone dans les sols via les racines et les chaumes laissées sur place 
  • le recyclage des éléments minéraux en cas de restitution de digestats.  

Une réduction des émissions liées au stockage des effluents d’élevage

Selon l’INRAE, la méthanisation permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre  liées au stockage des effluents d’élevage. 

Si les fumiers et les lisiers sont stockés en moyenne 180 jours à l’air libre avant l’épandage dans les exploitations agricoles sans unité de méthanisation, cette période est limitée à 8 jours seulement pour les exploitations possédant une unité de méthanisation. 

Un scénario incluant la méthanisation représente une réduction d’impact de 73% sur le changement climatique

L’étude de l’INRAE montre que le scénario ”Culture”, incluant la méthanisation implantée sur des exploitations agricoles orientées vers la culture végétale, démontre de meilleures performances qu’un scénario sans méthanisation, et ce sur 7 indicateurs (changement climatique, destruction de la couche d’ozone, formation d’ozone photochimique, particules fines, acidification, eutrophisation terrestre et épuisement des ressources énergétiques). 

Le scénario « culture » incluant la méthanisation représente ainsi une réduction d’impact sur le changement climatique de 73%.

D’autre part, la production de biométhane (biogaz) assure une réduction d’impact de 65% quant à l’épuisement des ressources énergétiques, par rapport à une situation de référence où le gaz naturel serait importé. 

Ces indicateurs sont directement liés à plusieurs pratiques cadrées par les réglementations, telles que la couverture des fosses de stockage du digestat et la limitation des émissions fugitives du biogaz.  

Sources : 

  1.  Esnouf A., Brockmann D., Cresson R. (2021) Analyse du cycle de vie du biométhane issu de ressources agricoles – Rapport d’ACV. INRAE Transfert.
  2. https://projet-methanisation.grdf.fr/la-methanisation/la-dynamique-du-marche